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« La crainte, c’est l’humiliation. Est-ce qu’on va partir comme du Niger ou du Mali avec un coup pied au cul ? » Le Monde a pu s’entretenir avec une source militaire française quelque temps avant que la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a rapporté que deux chars israéliens étaient « entrés de force dimanche 13 octobre dans une de ses positions à la frontière ».
Ces événements surviennent dans un contexte où cinq soldats de la paix de l’ONU ont été blessés et où des positions et des locaux de l’ONU ont été endommagés. Samedi, les soldats des forces israéliennes ont arrêté « un mouvement logistique critique » de la Finul. « Il est évident que les tirs précédents [qui ont blessé deux soldats sri-lankais le 11 octobre] sont des gros coups de pression. Il est improbable qu’un char Merkava puisse se tromper de cible. Le camp principal qui a été ciblé à Naqoura est tellement grand et repérable que l’on ne peut pas se tromper. Dans le camp italien, deux soldats israéliens sont rentrés et ont tiré sur des abris pour faire peur. Il y a une volonté israélienne d’intimidation. Ils veulent que l’on parte », assure cette source, qui n’accorde aucun crédit aux déclarations israéliennes qui faisaient état d’« erreurs ».
« Au quotidien, la majorité des militaires présents sur les emprises françaises sont contraints de glander. La France a une mission importante, celle de transmettre à la Finul tous les mouvements balistiques [grâce à son radar]. Et jusqu’à présent, les Français remplissaient cette mission avec brio dans des conditions dégradées. Mais les patrouilles sur le terrain sont complètement compromises. Nous sommes tributaires de la volonté israélienne. C’est Israël qui définit les plages horaires dans lesquelles nous pouvons nous déplacer », explique cette source.
« Il y a un sentiment de dégradation du rôle de l’armée française qui n’est plus en capacité d’assurer sa mission de manière franche. La France a en plus une deuxième mission, particulière, elle est FCR [Force Commander Reserve] et doit porter secours aux emprises de la Finul qui serait en difficulté, ajoute-t-elle. Mais en cas de coup dur, je ne vois pas ce que les militaires français pourraient faire… » A une certaine impuissance sur le terrain s’ajoute l’épineuse question de la relève des effectifs. « Nous sommes en période de relève, prévue mi-septembre. Or, elle ne peut pas s’effectuer alors que les militaires sont très fatigués. Avec le sentiment que l’échelon politique est contraint de laisser cette situation s’enliser. Le moral n’est pas mirobolant. »
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